Lutte contre le harcèlement de rue

Des propos ou comportements dégradants, insistants, intrusifs et non consentis, commis dans des lieux publics (rues, parcs, écoles, transport en commun, web, bars, commerces, festivals, etc.) par des inconnus (principalement des hommes majeurs), qui ciblent majoritairement des filles, des femmes et des personnes de la diversité sexuelle et de genre, encore davantage si elles sont racisées, en situation de pauvreté, de handicap, ou qu’elles ne correspondent pas aux standards de minceur et de beauté.
— CÉAF
Le harcèlement de rue, c’est comme un symptôme d’un plus grand problème qu’il faut adresser […] ça va continuer à arriver si on permet aux violences faites aux femmes en général d’exister.
— ATHÉNA
Comme dans toute révolution ou changement, faut de la rage un peu […] à un moment donné, c’est assez! On est des humaines nous aussi.
— SIMONE
Bannière Lutte au HDR_CÉAF
J’ai parlé avec ma famille, qui pense que le harcèlement de rue ne cessera jamais. Je leur ai dit que c’est sûr que si on ne fait rien, il ne se passera rien. Il faut garder la volonté de vouloir changer les choses. Le fait de travailler en collectif nous fait reconnaitre ça.
— CÉCILE

Des espaces publics inclusifs et sans violence, pour toutes!

Depuis 2012, le CÉAF a développé une expertise pionnière sur le harcèlement de rue à Montréal. Pionnière parce qu’il y a 10 ans, quand des militantes du Centre ont entamé leur lutte collective contre ces violences commises dans l’espace public, il n’existait aucune donnée québécoise sur la problématique, alors que dans les faits, on recevait de nombreux témoignages de femmes et de filles qui en vivaient et qui en souffraient, parfois quotidiennement. Devant l’immense décalage qui perdure entre la détresse vécue par les personnes victimes de ces violences et la tendance de la population et des institutions à banaliser et tolérer ces actes, les militantes du Comité de lutte au harcèlement de rue du CÉAF ont décidé de lutter… contre vents et marées.

Leur ténacité a contribué à faire du harcèlement de rue un sujet de discussion sur la place publique, un enjeu de société. Elles ont agi sur de multiples fronts pour briser le silence et faire entendre la parole des personnes victimes. Création d’outils de sensibilisation, alliances avec le milieu de la recherche pour documenter la problématique et pallier aux manque criant de données québécoises, actions dans divers lieux publics, animation d’ateliers et de formations auprès de divers publics, représentations politiques, prises de parole médiatiques… Autant de stratégies collectives et combattives pour abaisser le seuil de tolérance face à ces violences encore trop souvent vécues dans l’indifférence et le silence.

Documentaire réalisé en 2020 par Noémie Célestin et Daniel Torres, étudiant.e.s du Cégep André-Laurendeau

Outils de sensibilisation et de formation

LE CÉAF, c’est un organisme où les luttes que nous menons donnent lieu à des changements concrets et durables.
— Pascale
  • C’est en 2012 qu’une stagiaire en Travail social de l’UQAM s’allie avec des militantes du CÉAF pour mettre sur pied le Comité de lutte au harcèlement de rue. Longtemps, elles ont porté cette lutte à bout de bras cette lutte, faisant face à plusieurs résistances tant de la part de la population que d’institutions incontournables quant à la reconnaissance de ce problème social, pourtant bien documenté et combattu dans plusieurs pays.

    Or, grâce à leur ténacité, elles ont réussi à tisser des alliances précieuses avec des institutions clés. Ainsi, des chercheuses influentes du milieu de la recherche féministe Québécoise, le Service aux collectivités de l’UQAM, le Secrétariat à la condition féminine, le Service de la diversité et de l'inclusion sociale de la Ville de Montréal, l’Arrondissement Ville-Marie et plusieurs médias bénéficiant d’une large tribune ont cru en l’importance de faire du harcèlement de rue un enjeu de société et ont ajouté du poids et de la crédibilité à nos analyses, actions et revendications.

    Les fruits de leur travail militant sont nombreux:

    • Une campagne d’affichage largement diffusée dans le transport en commun et l’espace public Montréalais

    • De nombreux outils de sensibilisation visant à abaisser le seuil de tolérance de la population et à outiller tant les personnes témoins et victimes de ces actes à y faire face, et leur proches à les soutenir adéquatement

    • Quatre recherches pionnières mesurant l’ampleur et les impacts du phénomène à Montréal, selon une analyse féministe tenant compte des multiples rapports de pouvoir qui s’imbriquent pour rendre possible ces violences

    • La mise sur pieds de formations et d’ateliers visant à soutenir les personnes victimes, à outiller leurs proches et les témoins de ces actes à réagir en solidarité avec elles, et à transmettre notre expertise à des intervenant.e.s de groupes/institutions rejoignant diverses populations, afin que ces personnes puissent être des alliées de notre lutte, qui agissent pour prévenir ces violences dans leurs propres milieux et soutiennent les personnes qui y sont confrontées

    • Des prises de parole fréquentes dans des médias reconnus mettant de l’avant notre expertise

    • La reconnaissance du problème par des institutions clés comme la Ville de Montréal et la Société de transport en commun (STM), ainsi que de leurs responsabilités à déployer les ressources nécessaires pour l’éradiquer.

  • D’après les témoignages recueillis, l’unique moyen mis de l’avant à Montréal pour combattre le harcèlement de rue se limite à la dénonciation individuelle par les femmes ciblées, ce qui est clairement inefficace, d’abord parce qu’elles sont trop rarement prises au sérieux, ensuite parce que le poids de l’éradication du problème repose sur leurs épaules. Selon nous, il faut cesser de voir le harcèlement de rue comme un problème individuel : il s’agit d’un problème de société. Au-delà de la dénonciation, nous croyons qu’il faut travailler à changer les mentalités qui lui permettent d’exister, en misant sur l’éducation populaire et la conscientisation collective. Or, pour y arriver, il est primordial que la sphère politique se sente concernée et agisse sur cet enjeu qui affecte durablement les conditions de vie des personnes ciblées par ces violences.

    Au Québec, encore en 2020, il n'existait aucune recherche sur le harcèlement de rue. Le Service de police de Montréal ne collige toujours aucune statistique sur la problématique. L'unique étude canadienne sur le sujet datait de 2000. On y apprend que sur 12 300 Canadiennes âgées de plus de 18 ans, 80 % ont subi du harcèlement de rue, ce qui a augmenté leur sentiment d’insécurité dans l’espace public.

    Selon la chercheure américaine Holly Kearl, il s’agit de la forme de violence la plus fréquemment commise contre les femmes : en 2008, elle a démontré que 99 % des 811 femmes qu'elle a interviewées aux États-Unis en ont subi. Elle a documenté les impacts de ces actes : un climat insécurisant pour toutes les femmes, contribuant à les exclure de l'espace public, limitant leur droit à la mobilité et leur accès à la ville. (Plus d'infos ici)

    En avril 2021, avec l'équipe de recherche partenariale dirigée par Mélissa Blais dans le cadre du Service aux collectivités de l'UQAM, nous dévoilions la toute première étude menée au Québec visant spécifiquement à documenter les impacts du harcèlement de rue sur les femmes.

    Puis en septembre 2022, était dévoilée la toute première recherche menée au Québec qui quantifie l’ampleur du harcèlement de rue à Montréal, et dont voici les faits saillants, réalisée par une équipe de chercheuses de l’UQAM, de l’UQO, de l’Université de Montréal et du CÉAF dans le cadre du Service aux collectivités de l’UQAM.

  • À la sphère politique: prendre acte de ses responsabilités d’agir sur ces violences si fréquentes, aux impacts multidimensionnels et aux coût sociaux élevés. Politiser la problématique du harcèlement de rue, plutôt que se contenter de la réduire à un simple enjeu de sécurité. Cesser de le considérer comme un simple fait divers ou une accumulation de cas isolés. En faire un enjeu de santé publique! Mettre de l’avant ses causes premières : les abus de pouvoir découlant des inégalités de genre et des discriminations fondées sur l’âge, l’appartenance à un groupe racisé, sur l’origine autochtone, l’orientation sexuelle, le handicap ou les croyances religieuses.

    Aux institutions scolaires : reconnaitre l’expertise des groupes communautaires offrant des ateliers d’éducation à la sexualité et des cours d’autodéfense et créer des partenariats afin d’assurer la transmission de contenus comme le consentement, les rapports de genre, les comportements souhaitables pour des rapports égalitaires avec les autres. Faire connaître aux élèves les ressources d’aide qui s’offrent à elles et eux.

    Aux organisations militantes, communautaires et institutionnelles travaillant à défendre les droits et intérêts des enfants et adolescent.e.s dans toutes leurs diversités: se saisir de la problématique, se concerter pour en discuter, réfléchir et déployer des actions collectives et concertées, en s’assurant d’inclure les jeunes dans la discussion, de tenir compte des besoins et recommandations.

 Vous avez vécu du harcèlement de rue et vous avez besoin de soutien?

Plusieurs ressources gratuites s’offrent à vous.

ACTIONS ET RÉALISATIONS

 
    • Campagne de sensibilisation

    • Manifestation

    • Ouvrage sur un sujet important

    • Description teCampagne de sensibilisation

    • Manifestation

    • Manifestation

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    • Campagne de sensibilisation

 

Ensemble, luttons contre le harcèlement de rue!